Madame la députée,
Monsieur le député,
L’enseignement pour adultes, dont nous sommes les pilotes et gestionnaires, est un opérateur historique et essentiel pour l’insertion dans l’emploi et pour la gestion des carrières.
Proposant des cursus diplômants mais dans un système modulaire adapté aux adultes en reprise d’études (de type secondaire, supérieur ou qualifiant), nous travaillons en partenariat avec les organismes de formation et d’insertion ou en autonomie pour augmenter le niveau de qualification général et le taux d’emploi des francophones.
Chaque année, nous formons 140.000 étudiant.es adultes dans une perspective de mise à l’emploi, de réorientation professionnelle ou de renforcement des compétences (notamment en lien avec le numérique, les langues, les compétences transversales, …) dans des dispositifs modulaires et une approche andragogique adaptée aux adultes. Nombre de nos cursus correspondent à des fonctions règlementées et répondent à des conditions strictes de qualité imposées par la législation fédérale, régionale et les règlementations sectorielles.
À l’heure où l’ensemble des analyses économiques – d’Akt for Wallonia, de la FEB, de BECI et de nombreux secteurs – convergent vers la nécessité de disposer d’une main-d’œuvre plus qualifiée, plus adaptable et mieux accompagnée dans ses transitions professionnelles, il apparaît indispensable que les différentes réformes portant sur l’assurance chômage, les politiques de formation et d’insertion des chercheurs et chercheuses d’emploi et bénéficiaires du RIS puissent tenir compte du rôle décisif que joue l’Enseignement pour Adultes.
Cependant, nous nous devons de constater que les orientations prises ou en passe d’être prises, vont gravement mettre à mal les capacités de la Wallonie et de Bruxelles à emmener les publics visés vers l’emploi, alors même qu’il s’agit d’une priorité politique. Plus encore, nous craignons que nos régions ne puissent, demain, se targuer d’un niveau de compétences et de qualification de sa population comparables à hier.
L’Enseignement pour Adultes constitue un opérateur particulier et économique de formation pour les chercheurs d’emploi. Une heure-étudiant y coûte 50 % moins cher qu’à FOREM Formation, à l’IFAPME, Bruxelles Formation ou le SFPME, malgré des cursus exigeants notamment quant au profil des chargé.es de cours et aux processus qualité imposés notamment dans le cadre de notre enseignement supérieur .
Chaque année, ce sont environ 30.000 chercheurs et chercheuses d’emploi qui y sont formés, un ordre de grandeur équivalent à celui du FOREM. Le taux de réussite y atteint 70 %, ce qui témoigne de l’efficacité de l’expertise pédagogique, de la pertinence des parcours et de l’accompagnement proposé. Pour la seule année 2023-2024, on peut notamment relever 16.118 étudiant.es Chômeurs Complets Indemnisés allant jusqu’aux Épreuves Intégrées, dont 9.043 inscrits dans des cursus diplômants longs.
Ils sont répartis dans des formations qui n’existent nulle part ailleurs pour le public Chercheur d’emploi, notamment : Sciences de l’ingénieur industriel (électromécanique, chimie, électronique), Bacheliers professionnalisants (informatique de gestion, logistique, construction, assurances, éducation spécialisée, cadre de la santé, soins infirmiers), certifications pédagogiques, métiers techniques ou paramédicaux, métiers en tension tels qu’aide-soignant·e, auxiliaire de l’enfance, ambulancier, technicien·ne électromécanicien·ne, etc. En outre, nos établissements proposent des parcours de préqualification (alphabétisation, CESS, renforcement en compétences de base) nécessaires pour des personnes éloignées de l’emploi.
L’EA se distingue en outre par sa capacité à proposer :
• Des parcours qualifiants menant à des niveaux élevés, jusqu’au master, permettant des réorientations ambitieuses et qualitatives ;
• Une modularité qui favorise des sorties intermédiaires vers l’emploi via des micro-certifications , assortie de possibilités de retour en formation ;
• Une articulation directe avec les entreprises, grâce à des conventions de partenariat et à des équipes pédagogiques mixtes (enseignant·es + expert·es du secteur), ainsi que des projets communs avec les fédérations d’employeurs tels qu’AKT for Wallonia ou l’UNIPSO.
La réforme du chômage et la réorganisation d’une offre de formation régionale non concertée avec l’Enseignement pour Adultes mènent en ce moment, à des problématiques de terrain importantes :
• Des abandons massifs au sein des formations pré-qualifiantes pourtant préalables nécessaires à des formations liées aux métiers en pénurie (CESS, modules de bureautique, modules de langues,…) ;
• La dénonciation unilatérale par la Région Wallonne, de l’accord-cadre historique avec le FOREM, qui assure pourtant chaque année une quarantaine de formations pour un volume d’environ 350 à 400 Chercheurs et chercheuses d’emploi.
• La réorganisation des partenariats autour de Comités Stratégiques Sectoriels où l’enseignement n’est pas valablement représenté et ses opportunités organisationnelles pas prises en compte.
Les directions de l’Enseignement pour Adultes que nous sommes, anticipent de devoir fermer environ 25% de l’offre dès la rentrée académique 2026 en raison de la limitation dans le temps des allocations de chômage. Des organisations telles que le Bachelier en informatique de Gestion, le Bachelier en Construction ou le complément CESS pourraient tout simplement disparaître du paysage.
Dans ce cadre, il nous apparaît cependant qu’il pourrait être sociétalement et financièrement pertinent de prendre en considération les opportunités qu’offre la modularité de nos cursus et de la combiner aux visées fédérales et régionales en matière d’emploi.
De manière générale, si les mesures pises ne peuvent tenir compte du travail que nous réalisons pour ces publics, nous estimons que l’on verra sous peu les phénomènes suivants :
• Découragement de l’engagement dans des formations longues, pourtant indispensables pour répondre au déficit de qualifications ;
• Une orientation massive des personnes vers des formations courtes, qui, seules, ne peuvent répondre au niveau d’exigence des employeurs (notamment pour les fonctions règlementées) ;
• Transférer la charge financière de la formation continue vers les entreprises, qui ne pourront absorber un tel déplacement ;
• Fragiliser particulièrement les publics précaires ou les femmes, qui cumulent déjà les obstacles.
Monsieur le Député, Madame la Députée, soyez convaincu.e de notre plein engagement à œuvrer pour l’intérêt collectif de notre société en attirant votre attention sur la situation de nos étudiantes et étudiants. Notre Enseignement pour Adultes est un levier majeur de la montée en compétences des adultes, et le seul dispositif qui offre un tel niveau d’ambition au public chercheur d’emploi.
Dans l’attente de votre retour, nous vous présentons, Monsieur le Député, Madame la Députée, l’expression de nos salutations distinguées,